« Les enfants, venez s'il vous plait, je dois vous parler. » Âgée de dix ans, je descendais les escaliers de la maison avec ma petite sœur, Loëvane dans les bras. Elle avait seulement un an et avait encore un peu de mal à marcher, surtout pour descendre les escaliers. Maman m'avait appris depuis sa naissance qu'elle ne devait pas s'approcher de cet endroit toute seule car elle pouvait se blesser. Elyas et Mahé me suivirent sur le champ. Mahé venait de quitter son jeu vidéo alors qu'Elyas avait encore son casque sur les oreilles. « J'espère que vous savez que votre papa et moi, on vous aime vraiment très fort et on ne cessera jamais de vous aimer. » Je pense qu'Elyas, du haut de ses seize ans, avait déjà compris la situation. Il nous l'avait même un peu expliqué, nous révélant que papa et maman se disputaient de plus en plus souvent ces derniers temps. « Papa et maman allons vivre dans deux maisons différentes, on va se séparer. Ce sont des histoires de grands et vous n'avez pas à vous inquiéter pour ça, vous continuerez à nous voir tout le temps, comme si, rien n'avait changé. » Nous étions déjà au courant mais, l'entendre officiellement eu l'effet d'une bombe atomique. Je pouvais pas m'empêcher de poser le regard sur ma petite sœur qui, à son âge, ne comprenait pas du tout ce qu'elle allait vivre maintenant. « ouais, sauf qu'on vous verra jamais ensemble l'un et l'autre. » conclut Elyas tandis que je soupirais et que des larmes coulèrent sur les joues de Mahé.

Je venais à peine de sortir le moelleux au chocolat du four qu'une part se trouvait déjà dans mon assiette. Je ne résistais jamais face à du chocolat puis je dois l'avouer, si je pouvais passer ma vie à manger et à dormir, je le ferai. En fait, mon plus grand rêve serait de me réincarner en chat, ils ne font que ça de leur journée. Manger et boire, c'est bien la meilleure des choses. Heureusement pour moi, je n'avais pas un corps qui gardait en mémoire tous les kilos que je pouvais prendre. D'ailleurs, je pouvais manger autant que je voulais, ma balance affichait toujours le même nombre, la classe que j'ai moi quand même. « Tu manges encore la grosse ? » Mon frère me rejoignit dans la cuisine et fit comme à son aise. Comme aujourd'hui où malgré mon interdiction, il se servait de mon délicieux gâteau au chocolat. « Dégage, tu sais très bien que c'est interdit de toucher à ma bouffe. » C'était bien vrai, il le savait mais, depuis gamin, il adorait me voler mes gâteaux. La nourriture pour moi, c'était comme ma religion, je ne pouvais pas m'en passer. Il suffisait de regarder dans les placards pour le savoir, ils étaient toujours bondés de pleins de bonnes choses. « T'allais pas le manger à toi toute seule quand même ? » Je le regardai puis lui fit ma plus belle grimace. Il éclata de rire et je le suivis en voyant qu'il avait du chocolat plein sur le visage. Mon grand-frère est mon plus grand amour, je ne peux pas me passer de lui, surtout quand il fait le clown comme à ce moment-là. « C'est vrai, j'avais oublié que tu étais un estomac sur pattes sœurette. » D'un coup d'épaule, il me bascula mais, ayant très peu d'appui, je basculai par terre. « Putain, je vais te tuer, j'me suis fait mal à cause de toi. » Mon frère était mort de rire et me tendit la main pour que je puisse me relever. Il était quand même sympa mon grand-frère et toujours attentif à moi. « Arrête de mentir, ton gros cul t'a évité tous les chocs. » En fait, je retire ce que je viens de dire, mon frère c'est le plus débile de tous les garçons.

« C'est qui la plus belle ? C'est ma nana à moi, mon amoureuse rien qu'à moi. » Depuis que ma princesse avait atteint ses six mois, j'avais pris mon indépendance. Vivant toujours chez ma mère, j'avais voulu m'éloigner un peu pour construire ma propre vie, faire face aux vraies réalités de la vie et laisser ma maman un peu tranquille. Cela ne voulait pas dire pourtant que je m'éloignais de ma famille puisque mon appartement était souvent rempli avec eux. Loëvane et Mahé étaient ceux qui étaient le plus souvent chez moi. Ce dernier squattait carrément mon canapé la plupart du temps. Ce matin, alors que je préparais le petit déjeuner de Nahlà, il s'occupait d'elle. Il avait toujours aimé être en sa compagnie et était un tonton parfait pour elle. Une fois le biberon chauffé, je les rejoignis sur le canapé. Mahé se décida à lui donner à manger tandis que moi, je regardais la scène d'un air attendrissant. « Dis Mahé, j'ai une question à te poser. Ça te dirait d'être le parrain de Nahlà ? » D'un seul coup, Mahé tourna sa tête vers moi et afficha son grand sourire dont j'étais totalement fan. « T'es sérieuse petite sœur ? Bien sûr que je veux, je serai le meilleur parrain qu'il puisse exister. Je suis totalement amoureux d'elle. » J'étais si fière de la décision que venait de prendre mon frère. J'avais toujours hésité à lui poser la question car être parrain, c'était avoir des responsabilités par rapport au bébé et je savais que Mahé était encore jeune, tout comme moi pour être mère. « T'es prêt à être là pour elle s'il m'arrive quoi que ce soit ? » Mahé déposa son doigt sur mes lèvres pour me dire de me taire et ajouta tout à fait sérieusement. « Bella, je suis prêt à tout pour elle, je la protègerai comme jamais personne n'a pu la protéger, je tiens à elle comme à la prunelle de mes yeux, tu le sais. » Je déposa un baiser sur la joue de mon frère tout en tenant la main de ma fille qui buvait toujours son biberon dans les bras de son désormais parrain.