Calypso-Eris Kostas

>> let my dream come true <<

Ne pas pleurer, ne pleure pas. Reste forte. Ils ont tous besoin de toi. Reste forte. Cette phrase, je ne cessais de me la répéter depuis plus d'une semaine maintenant. En public, elle marchait plutôt bien, en privée c'était une tout autre histoire. Mes yeux devaient être tout rouge et boursoufler de me retenir comme je le faisais. La main de ma sœur me broyais les os et je sursautais à chacun de ses sanglots. Mon père se tenait devant tout le monde. Il était si beau dans son costume noir taillé sur mesure. Son visage était tiré par la fatigue et ses yeux étaient rouge, il avait donc craqué lui aussi. J'étais contente et triste à la fois. Il devait pleurer, on le savait tous. On avait tous pleurés sauf lui. Il voulait tout organiser afin que tout sois parfait, mais maintenant que la pression retombait, il semblait pleurer sans pouvoir s'arrêter. Il tenait entre ses mains tremblante une feuille qu'il portait sous ses yeux. Son discours. Personne ne l'avais entendue. Pas même ma mère. Il voulait absolument le garder pour lui et uniquement pour lui. Pour cela, il s'était enfermer dans son bureau durant de longues heures pour l'écrire. Quand il commença à parler je quittais son regard par peur de craquer à mon tour. Ma sœur laissa tomber sa tête sur mon épaule. Tête baissée j'écoutais mon père, sa voix si rauque et sûre d'ordinaire était devenue beaucoup plus faible et hésitante. « Teddy était un frère, un ami, un petit-ami et avant tout un fils. Un enfant. Un enfant que la vie à retirer à ses parents bien trop jeune. Vingt ans, ce n'est pas un âge pour partir. » Mon coeur failli me lâcher lorsque mon père réprima un sanglot, je ne l'avais jamais vu pleurer. « Teddy était un garçon adorable, tout le monde pourra le dire et... Il me manque. Depuis qu'on m'a annoncé sa perte je n'arrête pas de penser au futur qui l'attendait. Et je vois, une grande maison, Mary tout près de lui l'aimant comme au premier jour [...] » Je tournais la tête vers la petite amie de Teddy qui avait dans sa main dans celle de ma mère. Elles aussi se retenaient de pleurer. Je reportais mon regard sur mon père qui avait de plus en plus de mal à finir son discours. « Je vois aussi ses sœurs, son frère prêts de lui et puis nous. Ma femme et moi réunis autour d'une grande table à rire comme ça se passait à chaque fois. A écouter les histoires totalement improbables de Teddy et l'entendre dire "tant qu'il y a de la vie y'a de l'espoir... Et ... Je suis désolé. » Mon père fondit littéralement en larme et retourna à sa place. Je lâchais la main de ma sœur et prise d'un élan de courage, me levais. Je n'avais rien écrit, mais tant-pis, j'irais au feeling.
Je regardais le monde en face de moi. Toute ma famille me fixait. Je baissais les yeux, trop intimider. « Je sais que ce n'était pas prévu, mais je ne veux pas garder tout ça en moi. Je veux dire ce que j'ai sur le coeur. Je suis la dernière arrivée dans la famille et Teddy à tout de suite été là pour m'aider à m'intégrer dans la famille Bowen. Même quand j'ai appris que j'étais adoptée. Teddy était le premier à venir me dire que ça ne changeait rien et que je faisais quand même partie de la famille. Vous devez vous en foutre de tout ça, mais ce n'est pas grave. Je veux le dire. Ce n'est peut-être ni le lieu ni le moment, mais si quelqu'un à quelque chose à me dire qu'il vienne. Il y à deux ans, quand j'ai appris que mes parents n'étaient pas mes réels parents, je suis tombée dans une dépression que je pensais sans fin. Personne n'est venue m'aider. Hormis une personne. Teddy. Il est venu et ma dis les mots dont j'avais besoin d'entendre. Les mots que personne dans cette salle n'a jamais été foutue de me dire. Les mots qui m'ont libérée et m'ont fait du bien. Teddy était bien plus que mon frère. C'était mon meilleur ami, mon meilleur allié dans cette putain d'existence. Alors, maintenant, j'ai quelques questions moi aussi. Je fais comment maintenant pour avancer sans lui? Je fais comment pour vivre? Pour respirer? Combien de temps je vais encore devoir dire que tout va bien avant que vous vous rendiez compte que ce n'es pas le cas? Combien de temps durent le manque de quelqu'un? Le manque d'une personne qu'on aime? Combien de temps est-ce que sa voix va rester tellement nette dans ma tête? Est-ce que je vais l'oublier? Parce-que moi, j'veux pas l'oublier. Je veux qu'il reste encore présent dans ma tête, dans mon cœur, dans ma vie. Je veux qu'il reste encore. J'voulais pas qu'il parte. Pas maintenant. J'suis pas prête. » Je fondais en larme à mon tour avant d'être raccompagnée à ma place par Mary venue me chercher avant que je démolisse le reste de la famille.
Sur le chemin du retour, un silence lourd était palpable. Personne ne parlais. Mon père avais une conduite plus que nerveuse, il grognais des que quelqu'un n'avançais pas assez vite à son goût ou qu'un feu passais au rouge.