Ellianna Vasilis

>> let my dream come true <<

Tu es donc née à Athènes, d'une famille assez aisée. Ton père médecin et ta mère avocate remplissaient bien les comptes en banque, c'était un fait connu de tous. Tu avais un frère aussi, de deux ans ton aîné. Vous vous entendiez plutôt bien, même s'il était devenu très (trop) sérieux en grandissant. Toi, tu étais plus du genre à jouer dès que tu le pouvais, et t'en ficher de ce qu'on voulait t'apprendre, ne serait-ce que les bonnes manières. Bon, avec le temps, tu en connais tout de même les bases, mais il ne fallait pas en abuser tout de même.

Non, toi, ce que tu aimais, c'était l'art, l'imagination, tous ces trucs tout sauf sérieux aux yeux de la famille. S'ils avaient accepté tes achats d'une guitare et d'un appareil photo avec l'argent qu'ils te donnaient, ils appréciaient beaucoup moins le fait que tu passes plus de temps à t'en servir qu'à apprendre tes cours par exemple. Au bout d'un moment, par pure provocation, tu t'amusas même à les sécher, ne te plaisant pas assise dans une salle de classe à écouter des choses sans intérêt à tes yeux. Tu t'éloignas même de ton frère, lui qui suivait au contraire tout ce que lui disaient les parents, et qui partait sur la bonne voir de l'élève excellent destiné à de grandes études prestigieuses.

Tout se brisa définitivement quand, lassés de te voir désobéir à leurs attentes, tes parents te mirent dehors alors que tu n'étais âgée que de 16 ans. Tu étais mineure, mais cela ne semblait pas les déranger : c'était pour eux deux ans de moins à consommer de l'argent pour t'entretenir alors que tu ne voulais pas agrandir la fortune familiale à ta majorité. Ils te laissèrent juste le temps de prendre quelques affaires, et la porte de la demeure se referma derrière toi, définitivement. Et ton frère dans tout cela ? Il n'avait pas daigné bouger le moindre centimètre carré de son derrière pour t'aider. Tu les haïssais tous les trois, mais tu étais dos au mur maintenant. Cependant, tu avais bien trop de fierté pour leur quémander un retour et te plier à leur volonté, ça non. Tu préféras plutôt partir ailleurs, dans une autre ville, là où tu pourras vivre de tes rêves : Somnium Revoco. Tu te disais que vivre chichement ne serait pas très grave, du moment que tu le faisais par passion.

Tu déchantas assez vite cependant. Les journées s'enchaînaient, et tu ne pouvais pas économiser assez d'argent pour les jours suivants. La vie au jour le jour était devenu ton quotidien, toi qui n'obtenais de l'argent qu'en jouant de la musique et en prenant des photos avec ton bel appareil. Enfin, au début, cela marchait ainsi... Tu avais rejoint une petite bande de jeunes de ton âge aussi, lycéens désœuvrés, et tu volais de temps à autre avec eux, que ce soit de la nourriture ou des clopes. Tu te droguais même, toi qui avais quand même certains principes ancrés dans ta chair, et il t'arriva même de vendre ton corps, certains soirs où tu crevais de faim parce que tu n'avais rien gagné. Mais tu tenais bon, ne cédais rien, et le destin se mit enfin en marche.

Un jour ordinaire où tu jouais de ta guitare, tu fis la rencontre de Sasha, un jeune femme qui semblait avoir pitié de toi. Méfiante pendant de longs mois, tu n'acceptas sa proposition de colocation que du bout des lèvres, y restant uniquement pour dormir un peu et te doucher. Pour le reste, tu avais la rue, et cela te suffisait. Tu découvris peu après la pilule, qu'un client t'offrit en paiement d'une coucherie, et tu commençais franchement à apprécier. Tu te disais non dépendante, mais tu avais besoin de ta dose, presque autant que ta clope, la drogue restant totalement occasionnelle. Cela durait presque un an. Il y a quelques jours, Sasha te proposa de vivre vraiment chez elle, comme une vraie colocataire, et tu finis par accepter ; c'est que tu commençais à t'attacher à elle tout de même, la seule personne qui t'écoutait et voulait te connaître sans te juger ou vouloir te changer. Enfin, cela... C'était avant qu'elle ne voit que tu consommais la pilule et veuilles te faire arrêter. Tu t'es quelque peu renfermée sur toi-même et ne lui parles plus autant qu'avant, sortant quand elle arrivait, ou t'enfermant dans la chambre qu'elle t'avait donné pour profiter tranquillement de tes rêves. Mais combien de temps cela allait-il durer ?[/i]